Le Docteur Franklin arpentait les sombres corridors de l'hôpital, faisant les cent pas ici et là. Il n'aimait pas être de garde aux urgences de nuit, c'était toujours si peu excitant, comme travail. Mais le point positif était que les gens ne se massacraient pas, la nuit, comme ils le faisaient de jour avec des carambolages ou des mari fous avec des fusils à calibre 12. De nuit, Frank aurait peut-être un ou deux cas d'accident de voiture, mais les jeunes comme lui roulaient si vite de soir qu'il ne pourrait plus rien faire et les expédierait à la morgue. En gros, rien de bien bien "trippant" pour remplir sa soirée, aussi sortit-il son bon vieux livre de Mary Shelley, Frankenstein, et commença à le lire, où il avait laissé sa lecture, la dernière fois.
Bien sur, en Anglo-Allemand qu'il était, il avait la version originale du livre, soit en Anglais, pour bien la comprendre. Mais il avait également la version Française dans son sac, il chercherait peut-être à la relire également. Il s'assied donc derrière le bureau de l'urgence, les pieds sur le bureau, installé confortablement, pour lire en paix, dans le calme de la nuit. Il était au moment où Victor Frankenstein, son homologue fictif, créait son monstre.
"Ça s'rait super de créer la vie comme Victor, une touche de poumon, un peu d'essence de coeur, j'ajoute l'amour et la passion, et nous avons ici : un homme ! Well... en pensant à ce fichu livre et c'qui s'y passe... j'crois pas que ça serait super de voir mes amis et ma famille tuée par mon erreur."
Sur cette dernière pensée, il songea aux familles qui perdaient un membre quand il faisait l'impossible, mais en vain. Ça devait être un coup dur, pour eux, de perdre ainsi quelqu'un qui allait bien quelques secondes auparavant. Ce n'était pas la première fois qu'il lisait un visage déconfit d'une mère qui apprenait la mort d'un fils, ni la figure triste d'un père qui apprenait d'un jeune homme calme que sa fille ne se réveillerait jamais.
Décidément, la soirée s'annonçait longue, aussi le jeune chirurgien activa son ordinateur et y plaça son CD de Rammstein et le laissa partir. "Asche Zu Asche" arriva bien vite, et Franklin Stein, communément appelé par ses amis Docteur Frank N. Stein, se laissa aller à la chanter, de sa voix d'Allemand, dans un allemand sans accent, étant sa langue maternelle.